Nathalie PERRUCHET JOURDAN
Le processus de médiation familiale, un cheminement vers un nouvel esprit de coresponsabilité parentale
L'enfant, âgée d'à peine six mois, est là, blottie dans mes bras. A la violence du ton employé, elle clôt ses yeux comme pour mieux se protéger de ce qu'elle ressent. Comme moi, spectatrice, elle assiste à une dispute très virulente entre ses parents. Séparés, chacun accuse l'autre de ne pas vouloir acheter les couches nécessaires à leur bébé acceuilli en crèche...
Faisant fonction d'éducatrice de jeunes enfants, je ne pense qu'à préserver ce tout-petit des "maux" qui l'assaillissent. Je l'accueille rapidement dans sa section qu'elle connaît bien, où elle a des repères, du calme... Puis, seule, je m'adresse à ses parents en les incitant à s'adresser à la psychologue de la crèche afin d'être accompagnés dans la crise qui les oppose, ce dans l'intérêt de leur enfant. Je pressens qu'une autre issue adaptée à leur situation existe ailleurs...
Régulièrement confrontée sur mon lieu de travail aux conflits entre parents séparés ou divorcés dans lesquels les jeunes enfants sont témoins, victimes, voire pris en otage, je me suis mise en quête d'informations concernant un mode de résolution des conflits familiaux. Je finis par entendre parler de "médiation familiale". Je cherche, j'exploite cette piste par internet et de multiples lectures. Pour moi le cheminement s'enclenche. Aussitôt j'adhère à la philosophie, à l'éthique, à l'esprit de la médiation familiale, au-delà de son principal objectif notamment dans le cadre de la séparation conjugale : l'accord entre les parents, dans le respect de l'intérêt de l'enfant. Le processus de médiation familiale peut-il offrir, au-delà de la rupture, un cheminement vers un nouvel esprit de coresponsabilité parentale ?